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Les États-Unis et l’ONU condamnent la tentative de coup d’État au Soudan

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Le gouvernement soudanais a dit déjoué un coup d’État mardi, accusant des responsables militaires et des civils liés à l’ancien régime d’Omar el-Béchir.

Khartoum a annoncé mardi avoir fait «échouer» une tentative de coup d’État impliquant des responsables militaires et des civils liés au régime de l’autocrate Omar el-Béchir, chassé du pouvoir il y a deux ans par une révolte populaire.

«Une tentative manquée de coup d’État, menée par un groupe d’officiers des forces armées et de civils issus de l’ancien régime (…), a été maîtrisée à l’aube», a déclaré à la télévision d’État le ministre de l’Information, Hamza Baloul.

«Onze officiers et plusieurs soldats ayant participé au complot manqué ont été arrêtés » a rapporté l’armée. La situation était désormais sous contrôle » a rapporté l’armée alors que les médias d’État diffusaient des chants patriotiques en boucle.

Chef de l’armée et du Conseil souverain, Abdel Fattah al-Burhane s’est lui rendu au campement militaire al-Shajara (sud de la capitale), soupçonné d’avoir été le point de départ de la fronde. «Si elle avait abouti, cette tentative aurait eu des conséquences destructrices pour l’armée, les forces régulières et le pays», a-t-il déclaré, s’adressant aux soldats.

Les États-Unis ont condamné la tentative de putsch en dénonçant les «actes anti-démocratiques» et en mettant en garde contre «toute ingérence extérieure», tandis que le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a alerté contre tout ce qui saperait la «transition politique» au Soudan.

Pour sa part, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a encouragé tous les acteurs à «se tenir fermement aux côtés des autorités légales de la transition». Cette tentative n’est pas la première à viser le gouvernement de transition formé après l’éviction en avril 2019 d’Omar el-Béchir, renversé après 30 ans de règne sans partage.

Le dernier putsch en date — un coup d’État militaire avec le soutien des islamistes — avait porté Omar el-Béchir au pouvoir en 1989. Emprisonné à Khartoum depuis sa destitution, ce dernier est actuellement jugé pour sa participation à ce même coup d’État. L’ancien dirigeant est également réclamé par la Cour pénale internationale pour «génocide» et crimes contre l’humanité lors du conflit au Darfour (ouest).

Manifestations

Des responsables ont assuré que les auteurs du «complot» voulaient prendre le contrôle du bâtiment des médias d’État. «Toutes les positions dont s’étaient emparés les putschistes» ont été «reprises», selon l’armée. Des manifestants ont protesté dans plusieurs villes.

A Port-Soudan (est), sous des drapeaux soudanais, des dizaines d’entre eux ont crié «Non au pouvoir militaire!» et «Non au coup d’État!» a rapporté à l’AFP un témoin nommé Mohammed Hassan. À Gedaref, également dans l’Est, Amal Hussein, autre témoin, a aussi fait état de manifestations étudiantes. Les forces de sécurité ont bloqué le principal pont reliant Khartoum à sa ville jumelle d’Omdourman, de l’autre côté du Nil.

Les auteurs du complot «ont bien préparé» leur projet, a souligné le Premier ministre Abdallah Hamdok dans un discours télévisé. Il a mentionné «la détérioration de la sécurité (…) le blocage de routes, la fermeture de ports et l’incitation continue contre le gouvernement civil», alors que des protestataires bloquent depuis vendredi les infrastructures de Port-Soudan, poumon économique du pays, pour dénoncer un récent accord de paix avec des rebelles.

La Troïka (États-Unis, Grande-Bretagne et Norvège), à la manœuvre sur le dossier soudanais, a condamné la tentative de coup d’État tandis que la mission de l’ONU au Soudan a refusé «tout appel à remplacer le pouvoir de transition par un pouvoir militaire».

«Une véritable transition»

Le puissant chef paramilitaire et membre du Conseil de souveraineté, Mohamed Hamdan Daglo, un ancien du régime Béchir surnommé «Hemedti», a affirmé vouloir «une véritable transition démocratique avec des élections libres et justes», selon l’agence officielle Suna.

En place depuis plus de deux ans, le cabinet civilo-militaire, né d’un accord avec les mouvements ayant mené la mobilisation populaire contre Omar el-Béchir, était censé emmener le Soudan vers un pouvoir entièrement civil en trois ans. Mais son mandat a été prolongé lors de la signature en octobre 2020 d’un accord de paix historique avec une coalition de groupes rebelles, lui laissant jusqu’en 2023 pour mener à bien sa mission.

La tentative «de coup d’État (…) souligne clairement l’importance d’introduire des réformes dans l’armée et l’appareil sécuritaire», a martelé mardi le Premier ministre. Le gouvernement Hamdok veut aussi en finir avec la crise économique, entreprenant une série de réformes difficiles pour bénéficier d’un programme d’allègement de la dette du Fonds monétaire international. Des manifestations sporadiques ont eu lieu contre ces réformes et l’augmentation du coût de la vie.

Rédaction avec AFP

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