Suivez-nous sur

Société

RDC: Début imminent des travaux du grand projet hydro-électrique d’Inga avec l’expertise d’une société Australienne ( Alexy Kayembe )

Publié le

sur

En République Démocratique du Congo, l’extension du barrage Grand-Inga, dans la région de Boma (ouest du pays), pourrait enfin voir le jour. Le partenaire retenu pour ce projet estimé à 80 milliards de dollars (US) pourrait être un magnat de l’industrie minière australienne, Andrew Forrest, qui après avoir fait fortune en exploitant du minerai de fer, veut devenir un géant de l’énergie verte.

À terme, il pourrait s’agir du plus grand projet hydroélectrique au monde, avec une production attendue de 42 000 mégawatts.

L’extension du barrage Grand-Inga, à Boma, a été confiée à un milliardaire australien, Andrew Forrest et son groupe Fortescue Metals, qui compte investir 80 milliards de dollars sur ce projet, qui prévoit également la construction d’un port et d’unités de production d’hydrogène et d’ammoniaque verts.

Le groupe Fortescue, qui veut devenir un champion des énergies vertes en Afrique, a également annoncé qu’il finançait des projets similaires au Kenya et en Éthiopie. L’objectif, produire à l’avenir plus de 100 gigawatts d’électricité verte, qui pourrait ensuite être exportée sur les marchés européens.

Dans une exclusivité accordée à la presse le vendredi 18 juin 2021 à Kinshasa , Alexy Kayembe De Bampende a annoncé le début imminent des travaux de ce grand projet Hydro-électrique .

A en croire le conseiller spécial en matière des infrastructures du chef de l’Etat , le nouveau contrat envisagé avec la société Australienne vient apporter une valeur ajoutée contrairement au dernier contrat Chinois qui se focalisait uniquement sur la commercialisation du courant .

( Ci-dessous son interview exclusive)

Journaliste : Qu’en est-il du projet Grand Inga ?

Alexis Kayembe : Le projet de Grand Inga qui a commencé, en notre compréhension, en 2018 où il y a eu le consortium chinois qui avait signé avec le gouvernement précédent. Et après, il y a eu d’autres intérêts allemands en particulier la société EVALGOR qui avait signé aussi un protocole d’accord avec la RDC. Et en septembre 2020, il y a eu les Australiens qui se sont aussi présentés pour signer. Et vous voyez que nous avons trois entités différentes de différents pays intéressées pour la construction de Grand Inga. La seule grande différence est que les Australiens avaient présenté un programme beaucoup plus intégré, donc on parle de la construction de Grand Inga au lieu de Inga 3 comme les allemands et les chinois avaient proposé, qui va consommer l’énergie produite par le Grand Inga, en plus il y a aussi des cités Matadi et Pioka, ce qui fait totalement 70.000 mégawatts. Et d’ailleurs, ce qui a intéressé la RDC, c’est ce que le projet amène comme la valeur ajoutée. Donc au lieu de produire de l’énergie et la vendre à d’autres pays, les Australiens proposaient de générer de l’énergie de la RDC, amener les sociétés industrielles sur le sol congolais et passer par la transformation de cette énergie en produisant certains produits qui sont recherchés aujourd’hui comme l’hydrogène, le fertilisant (…) et aussi traiter d’autres matières premières que nous avons aussi en RDC. Donc voyez déjà l’impact socioéconomique que le projet australien pourrait toutefois amener. Quand vous avez des industries sur place, nos jeunes vont bénéficier de l’emploi, on parle de 50.000 emplois directs et indirects. C’est quelque chose d’extraordinaire.

Journaliste : Depuis que vous avez annoncé ce partenariat avec les Australiens, rien n’est encore fait en terme de début des travaux. Pourquoi ?

Alexis Kayembe : Les grands projets ne commencent pas sur le champ, ça commence dans des bureaux, où des gens vont faire des analyses, où des gens vont faire des préparations des plans. Vous n’allez pas construire un grand projet comme projet Grand Inga qui n’est pas la construction d’un barrage de N’djili. C’est un grand projet du fait que le projet va prendre cinq-six ans, donc ça veut dire qu’il faut de temps, que les gens se mettent autour d’une table, il y a des programmes derrière, des plans d’actions, ça pend de temps. Ils ont signé le protocole d’accord au mois de septembre, ils sont entrés au mois de novembre si je ne me trompe pas. Et malgré la crise sanitaire que nous connaissons en RDC, ils sont surplace, ils travaillent. Ils ont été sur le champ à deux-trois reprises, ils ont commencé le processus d’études d’impact environnemental surplace. Je les ai accompagnés, ils ont visité quelques villages. Au même moment, nous sommes en train de négocier un contrat final qui va aboutir à la mise en exécution du projet lui-même. Mais en attendant, il y a des travaux qui sont en train de se faire puisqu’il y a des études qui existaient déjà, et ces études doivent être analysées au lieu de recommencer tout à zéro, l’apprécier avant de voir les bulldozers que vous voulez voir.

Journaliste : Que répondez-vous à ceux qui pensent que vous avez écarté les chinois de ce projet au profit des australiens ?

Alexis Kayembe : Les chinois ne sont pas écartés, le Chef de l’État a été clair, nous avons apprécié l’offre des autraliens qu’ils pouvaient être comme opérateurs en laissant la porte grandement ouverte que ça soit aux chinois, espagnols et autres de joindre FMG, puisque c’est un grand projet où on devait réduire le risques en associant les autres partenaires. Toutefois, si ces intérêts-là ne se manifestent pas, le projet ne va pas s’arrêter, ça va continuer puisque FMG a les capacités financières, techniques, environnementales de pouvoir gérer le projet.

Journaliste : On a déjà deux barrages en RDC, Inga 1 et Inga 2, mais l’on constate qu’on a toujours un problème sérieux dans la desserte en énergie électrique au pays. Est-ce qu’avec l’avènement du projet Grand Inga, doit-on espérer en une amélioration dans ce sens ?

Journaliste : Absolument, puisque pour le moment, la RDC a la capacité de produire plus ou moins 2.300 mégawatts, mais pratiquement, ce n’est pas le cas puisqu’on produit moins. Inga 1, c’est plus ou moins 350 MW, Inga 2 c’est 1700 MW, mais on n’est pas full capacité comme on dit. C’est une des raisons pour lesquelles vous voyez que nous avons un problème de délestage. La deuxième chose, c’est la demande de l’énergie qui a beaucoup augmenté surtout avec l’implication des structures minières. Donc je peux vous informer déjà que nous importons de l’énergie dans les pays où on exportait dans les années 80-90, par exemple à Pointe noire 200 + mégawatts que nous importons puisque la demande a beaucoup augmenté en RDC. Nous importons aussi de la Zambie, nous avons l’Ouganda qui, aujourd’hui, préfère aussi nous vendre quelque centaine de mégawatts.

Journaliste : Puis que le projet va mettre au moins 6 ans pour sa matérialisation, les congolais doivent aussi attendre 6 ans pour espérer en une stabilité de la desserte en électricité ?

Alexis Kayembe : Non, je ne pense pas, puisque nous avons aussi d’autres énergies alternatives, notamment le solaire. Le solaire peut prendre six mois ou sept mois, ça dépend de la quantité que vous voulez générer. Nous avons aussi l’énergie éolienne qui a aussi la possibilité de produire l’énergie biogaz. Donc nous avons des solutions alternatives. Le plus important à retenir, c’est qu’on ne peut pas développer la RDC avec des projets à court terme.

Journaliste : Puisqu’on parle de projets à caractère infrastructure, quid du projet Port en eau profonde de Banana ?

Alexis Kayembe : Ça avance bien. Le Chef de l’État avait demandé qu’on puisse revisiter le contrat qui est le plus mauvais de l’histoire, car mal négocié par les congolais qui avaient géré ce dossier à l’époque, puisqu’on perdait notre souveraineté. Nous avons négocié et je crois que les deux parties sont en train de rédiger maintenant le drafts final qui sera entériné par le Conseil des ministres.

Journaliste : L’on rapporte que ce projet aura un impact négatif sur la sécurité de la population environnante. Quelles sont les dispositions que vous avez prises quant à ce ?

Alexis Kayembe : Dans chaque grand projet, il y a ce qu’on appelle étude d’impact environnemental. Donc une fois que le contrat signé, nous ferons ensemble avec les ministères et les partenaires, ces études pour voir comment est-ce qu’on peut recompenser les prochaines victimes.

Journaliste : Qu’est-ce que la RDC va gagner dans ce projet ?

Alexis Kayembe : Ce qu’il faut savoir notamment sur le modèle économique que nous allons utiliser, c’est qu’on va investir une centaine de millions de dollars, construire le Port en eau profonde, une fois que le port réalise le profit qui est récupéré par l’investisseur comme la partie d’investissement, le port sera totalement à la charge de la République Démocratique du Congo.

Journaliste : Dernière question avant de clôturer cette interview. En votre qualité de Conseiller spécial du Chef de l’État en matière des Infrastructures, lorsque vous voyez des infrastructures routières du pays en général dans cet état piteux, que dites-vous au Président de la République ?

Alexis Kayembe : Je lui dis qu’on doit travailler dur, on doit compter sur nous-mêmes, il faut avoir des moyens nécessaires quant à ce, d’abord se rassurer si nous renflouons bien les caisses de l’État, et faire cesser la corruption. Il faut que tous les congolais participent au trésor public en payant les impôts.

Interview rédigée par Patrick Nguwo, Actu7

Les plus populaires