Suivez-nous sur

Politique

RDC : Me Dieudonné Tshibuabua interpelle le gouvernement sur la nécessité d’identifier et recenser la population ( Tribune)

Publié le

sur

Dans sa conférence de presse organisée ce 26 avril 2022 à l’occasion de l’an 1 de l’action de son gouvernement, le Premier Ministre Jean-Michel Sama est revenu sur la nécessité de l’identification nationale et du recensement, concomitamment avec le processus électoral.

Dans ma tribune du 25 novembre 2020, je mentionnais la nécessité de mettre comme priorité de l’action gouvernementale, l’établissement d’un fichier national de la population
et la matérialisation du Plan National du Numérique.Force est de constater qu’à ce jour, nous en sommes toujours au même point . Qu’est-ce qui bloque ? Pourquoi ça n’avance pas ? Pourquoi les congolais n’ont pas de carte d’identité ?
D’aucuns parleront de faute de moyens vu que le coût de telles opérations s’élèvent à plus de 350 millions de dollars américains, d’autres diront que c’est uniquement un manque de volonté politique.
Sans vouloir dédouaner qui que ce soit, nous disons que la situation socio-économique de la RDC ainsi que l’épidémie à coronavirus qui a frappé le monde ne doivent pas non plus être
négligées. Cependant, nous pensons qu’avec un peu d’efforts et une bonne stratégie communicationnelle, le gouvernement peut lancer à bref délai, l’identification et le recensement de la population.

Bien que le manque de moyens financiers soit posé comme principal obstacle au lancement des opérations recensement et d’identification, les autorités peuvent activer plusieurs
leviers pour trouver les moyens financiers dont a besoin l’ONIP pour lancer les opérations, par exemple : conclure des partenariats, public- privé ( PPP) avec des partenaires fiables et
sérieux, recourir à un financement participatif, etc…
D’ores et déjà, nous saluons les initiatives de mutualisation qui ont été mises en place par les différentes institutions, car cela permettra d’accélérer l’identification de la population. A titre d’exemple, la cartographie électorale qui est en cours d’élaboration par les membres de
la CENI peut être utilisée par l’Office National d’Identification de la Population (ONIP) pour le lancement du processus d’identification. Par ailleurs, le recoupement d’informations auprès de certains acteurs (banques, hôpitaux, assurances, universités, écoles, etc…) détenteurs des données à caractère personnel, peut contribuer à la constitution du fichier général ou fichier national de la population. Le défi est certes énorme mais pas insurmontable.

Une grande inquiétude s’observe dans le chef de certaines personnes lorsqu’elles veulent conditionner, le processus d’identification et de recensement de la population au processus électoral. Nous disons que les deux processus peuvent être mis en œuvre en même temps
sans que l’un empêche l’autre de progresser. Mais par contre, ils peuvent être complémentaires. Si le fichier national de la population est constitué, il sera plus simple pour la CENI d’en tirer le fichier électoral, car elle identifiera les personnes qui sont appelées à
être des potentiels électeurs. De même que l’expertise de la CENI sur le terrain peut être d’une grande utilité pour l’ONIP dans sa mission d’identification.
Tout État sérieux se doit d’identifier sa population et lui donner une pièce ou carte d’identité. En RDC, certes, on peut souligner qu’un permis de conduire, un passeport ou une carte d’électeurs font office de pièces d’identité, mais nous pensons qu’il faut aller plus loin
et doter la population congolaise d’une carte d’identité authentique et établir un fichier national ou fichier général de la population.
Par ailleurs, nous encourageons les autorités à ne pas négliger les congolais de l’étranger dans cette identification, car ils sont estimés à plus ou moins 10 millions d’âmes. Bien qu’une grande partie de ces congolais de l’étranger ait acquis, une nationalité étrangère
pour diverses raisons, nous proposons que les congolais qui n’ont pas changé de nationalité soient inscrits auprès des missions diplomatiques congolaises ou consulats dans les pays où ils se trouvent, et en retour, ils pourront recevoir une carte consulaire. Tandis que pour les
congolais d’origine qui ont acquis d’autres nationalités, nous proposons qu’ils soient inscrits dans les registres d’attente des mêmes missions diplomatiques ou consulats, en attendant
l’acceptation du changement de l’article 10 de la constitution congolaise qui consacre pour le moment le principe d’exclusivité et d’unicité de la nationalité congolaise.
Dans un souci sécuritaire, de maîtrise des frontières, et de planification des différents programmes de développement, il est impérieux de ne plus rechigner et de lancer rapidement ce processus d’identification de la population et le recensement, ce qui devrait la priorité des priorités

Par Me Dieudonné Tshibuabua Mbuyi, 
Avocat aux Barreaux de Kinshasa-Gombe, Kananga et Bruxelles
Spécialiste en NTIC, Président de la Fédération de la Diaspora Congolaise ( FDC), Coordonnateur du Mouvement pour l’Irrévocabilité de la Nationalité Congolaise d’Origine
( MINCO)

Les plus populaires