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Société

RDC: réunies autour de Denis Kambayi, les femmes de la SYNAGK dénoncent le tribalisme et la haine contre les kasaiens

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Dans une déclaration à la presse ce samedi 26 septembre 2020 à Kinshasa, les femmes de la synergie des notables et associations du grand Kasaï (SYNAGK) ont dénoncé le tribalisme et la haine qui sévissent dans le pays.Ces maux sont affirment-elles, mettent en difficulté le “vouloir vivre collectif”.

« Au regard de la montée du tribalisme et de la xénophobie contre les communautés de l’espace du grand Kasaï , nous condamnons avec la dernière énergie le comportement barbare et rétrograde d’autres temps tendant à stigmatiser tout un peuple tout simplement à cause de son appartenance sociologique , culturelle et géographique en RDC », ont-t-elles dénoncé.

Réunies autour de leur président Denis Kambayi, les femmes de l’espace Kasaï invitent les autorités à prendre d’urgence leurs responsabilités pour mettre fin au comportement qui jette en pâture les dispositions constitutionnelles aux articles 30 et 51.

Au cours d’un conseil des ministres, le président de la République avait condamné également « des propos ou attitudes visant à saper l’unité nationale en véhiculant des propos haineux envers un quelconque groupe ethnique ».

Le Congo-Kinshasa face au tribalisme?

En République Démocratique du Congo, le tribalisme a pris de l’ascenseur le jour de l’élection de Félix Antoine Tshisekedi au sommet de l’État. Sur la chaîne TV5 Monde, Adolphe Muzito, cadre de la coalition Lamuka, s’était vu questionné sur les propos haineux scandés par une partie de ses militants appelant au meurtre des Luba, tribu dont est originaire le chef de l’Etat.

Le rithme du tribalisme a repris après la détention préventive de Vital Kamerhe dans le cadre d’une enquête sur le détournement des fonds du programme d’urgence de 100 jours du chef de l’Etat. Les partisans de Vital Kamerhe voient dans cette arrestation de leur leader une tentative de nuire à ses ambitions de briguer la présidence en 2023, conformément aux accords ayant consacré la création de la coalition Cach.

Ils sont nombreux les membres de l’UNC qui ont pris d’assaut les réseaux sociaux pour dénoncer une « trahison » de leur partenaire UDPS. Et les propos vont dans tous les sens, jusqu’au tribalisme. Or, le tribalisme est l’allié de l’impunité.

Tracts et messages de haine tribale

C’est dans ce contexte que des messages anonymes et hostiles aux Kasaïens ont commencé à circuler. Au Nord-Kivu, des tracts appelant à chasser les Kasaïens hors de la province ont été épinglés par les autorités qui ont mis en garde, contre tout acte de nature xénophobe.

Une vidéo (âmes sensibles s’abstenir) montrant de prétendues exactions orchestrées sur des Kasaïens à Walikale au Nord-Kivu s’est vite avérée fausse. D’autre part, un tract « fictif » appelant les habitants de Mbuji-Mayi à la réciprocité pour « expulser les ressortissants de l’Est », était là-aussi une pure invention de ceux qui veulent mettre à mal la cohésion nationale. Il y a eu donc sur les réseaux sociaux, plus de fausses images visant à créer des tensions entre les tribus.

Le repli identitaire : un couteau à double tranchant

La scène politique congolaise est souvent secouée par des déclarations de regroupements ethno-tribaux, prenant très souvent la défense d’un personnage public, ressortissant de leur province ou membre de leur ethnie, lorsque celui-ci fait l’objet d’une information judiciaire ou d’une action disciplinaire. Certaines associations tribales se sont montrées virulentes, avec des messages souvent intolérants, visant des ethnies ou des ressortissants d’une autre province. La dernière déclaration en date est d’un partisan de l’ex président Joseph Kabila, Félix Kabange Numbi à Lubumbashi contre une communauté.

Que dit la loi ?

Pourtant, le dispositif pénal congolais a déjà posé les bases. L’ordonnance-loi 66-342 du 7 juin 1966, stipule en son article Ier : « Quiconque, soit par paroles, gestes, écrits, images ou emblèmes, soit par tout autre moyen, aura manifesté de l’aversion ou de la haine raciale, ethnique, tribale ou régionale, ou aura commis un acte de nature à provoquer cette aversion ou cette haine sera puni d’une servitude pénale d’un mois à deux ans et d’une amende de cinq cents à cent mille francs. »

Malgré tout, les dérapages sont fréquents et cette disposition est très peu appliquée. Le conseil national de l’audiovisuel est la première instance inerte face à cette montée de la cyber-haine, car ne prenant aucune mesure pour interdire aux médias, la diffusion de ces messages sur leurs ondes (radio-télés) ou sur Internet.

Cybercriminalité : les bonnes pratiques pour se protéger !

Les réseaux sociaux peuvent-ils devenir des vecteurs de propagation de la haine tribale et pousser certaines personnes à passer à l’acte ? Je dirais que oui, notamment, après avoir observé l’activisme sur les réseaux sociaux suite à la brouille entre la RDC et le Congo Brazzaville, à travers l’opération anti-immigration « Mbata ya Mukolo » contre les Congolais de RDC vivant au Congo Brazzaville. La lutte contre la radicalisation d’Internet nécessite aussi bien prévention, pédagogie que répression, afin de dissuader ceux qui se livrent à propager la cyber-haine. Car, moins il y a de filtres, plus les radicaux pensent qu’ils peuvent tout se permettre.

Sylvain Mukendi à Kinshasa

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